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Modules Java: Une application exemple – Intérêts

Ce tutoriel sur les modules Java traite la réalisation finale de l’application exemple. Il présente quelques aspects de l’intérêt de l’architecture modulaire utilisée pour la construire .

Ce tutoriel fait partie d’une série de quatre articles qui permettront de cerner ce nouveau concept afin de l’utiliser pour plus de robustesse et de maintenabilité des applications développées en Java:

  1. Modules Java: Présentation et concepts
  2. Modules Java: JRE modulaire
  3. Modules Java: Une application exemple – Conception
  4. Cet article: Modules Java: Une application exemple – Intérêts

1. Réalisation finale de l’application exemple

Pour finaliser la réalisation de l’application présentée comme exemple d’utilisation des modules Java, on va créer le module principal net.mtuto.superprocess. Ce module contient le point d’entrée de l’application.

Se positionner dans le dossier de travail application/. Créer, ensuite, la classe unique de ce module:

mkdir src/net/mtuto/superprocess/
vi src/net/mtuto/superprocess/SProcesseur.java

Contenu de ce fichier:

package net.mtuto.superprocess;
import java.util.*;
import net.mtuto.repartition.facade.Repartiteur;
public class SProcesseur  
{
    public static void main( String[] args )
    {
        System.out.print("Super processeur, que voulez-vous traiter ?: ");
        Scanner scanner = new Scanner(System.in);
        String sujet = scanner.nextLine();
        Repartiteur r = new Repartiteur();
        List<String> lr = r.traiter(sujet);
        for (String s: lr) System.out.println(s);
    }
}

Créer le descripteur de ce module principal dans src/module-info.java:

module net.mtuto.superprocess {
  exports net.mtuto.superprocess;
  requires net.mtuto.repartition;
}

Enfin, compiler et créer le fichier JAR du module:

javac --add-modules net.mtuto.repartition -p spmodules/ -d classes src/module-info.java src/net/mtuto/superprocess/SProcesseur.java
jar --create --file spmodules/superprocess.jar --main-class net.mtuto.superprocess.SProcesseur -C classes/ .

2. Essais d’exécution

A ce stade, la réalisation de l’application est achevée. L’ensemble des éléments de l’application est sous forme de modules Java. Ces modules sont contenus dans des fichiers JAR qui se trouvent dans le dossier application/spmodules. Exécuter:

ls -l spmodules/*.jar

Le résultat doit être:

modules java exemplePour exécuter l’application:

java --module-path spmodules/ -m net.mtuto.superprocess

Essayer plusieurs exécutions, avec à chaque fois un objet différent du traitement: 1234, 1234 + 5678, 1234 x 5678, finir et enfin: marcher. Remarquer que l’application répond bien au cahier des charges de départ.

3. Vérification préalable de la cohérence des modules

L’un des apports importants des modules Java est la vérification préalable à l’exécution de la cohérence des modules constituant une application. En Java 1.8-, cette vérificartion est inexistante et la JVM charge les classes exécutées au fur et à mesure de l’avancement de l’exécution et en se fiant à l’ordre définit dans le classpath. De ce fait, ce n’est qu’au cours de l’exécution que la JVM peut se rendre compte de l’absence (ou l’incohérence) d’une partie du code exécutable.

Supprimons un module du dossier qui les contient et tentons de lancer l’application. Exécuter dans l’ordre:

mkdir tmp
mv spmodules/calcul.jar tmp/ 
java --module-path spmodules/ -m net.mtuto.superprocess

L’application ne s’exécute pas et on obtient un message d’erreur dès le lancement:

Error occurred during initialization of boot layer
java.lang.module.FindException: Module net.mtuto.calcul not found, required by net.mtuto.repartition

Ce message est très claire: il manque le module net.mtuto.calcul à l’arbre de dépendance de l’application. Exécuter maintenant:

cp -p tmp/calcul.jar spmodules/
mv tmp/calcul.jar spmodules/calcul2.jar

Le module net.mtuto.calcul est, maintenant, dupliqué. L’application ne s’exécute pas et on obtient un message d’erreur au lancement:

Error occurred during initialization of boot layer                                                                                                                                           
java.lang.module.FindException: Two versions of module net.mtuto.calcul found in spmodules (calcul.jar and calcul2.jar)

Fini le risque d’utilisation de plusieurs versions des mêmes librairies, les conflits de versions et le JAR Hell (enfin je ne suis pas tout à fait certain de ce dernier point car il est trop tôt pour en être certain mais on l’espère bien).

Supprimer le fichier calcul2.jar pour pouvoir poursuivre dans de bonnes conditions.

4. Evolution fonctionnelle facilitée

On se propose de faire évoluer le fonctionnement de l’application de manière à rendre le résultat de calcul plus lisible. La réponse doit comporter l’opération demandée = résultat au lieu du résultat seul.

Au regard de l’architecture modulaire de l’application, seul le module net.mtuto.calcul doit être modifié. De plus seule la classe de façade Calculer.java doit l’être. Tout le risque de la modification se trouve donc confiné à cette partie du code applicatif. Modifier cette classe de manière que deux lignes des méthodes addition et multiplication deviennent:

...
return opAddition + " = " + addition.additionner(a,b).toString();
...
return opMultiplication + " = " + multiplication.multiplier(a,b).toString();
...

Après cela, on reconstruit le module calcul seulement.

cd spmodules/calcul
javac -d classes src/*.java src/net/mtuto/calcul/facade/*.java src/net/mtuto/calcul/traitement/*.java
jar --create -M --file ../calcul.jar -C classes/ .

La partie modifiée étant bien encapsulée et isolée du reste du code, on peut sans prendre de risque, ne tester que cette partie modifiée. Souvent un test unitaire automatisé suffit.

5. Réalisation plus rapide

Avec une architecture modulaire, les modules Java constituent des unités applicatives avec un couplage faible entre elles. Ceci favorise la réalisation de ces unités par des équipes différentes travaillant en parallèle. Cette architecture favorise également les tests unitaires automatisés du code réalisé.

Modules Java: Une application exemple – Conception

Cet article traite le sujet de l’utilisation concrète des modules Java. Il présente la premère partie de la construction progressive d’une application écrite en Java 9+. Cette application est modulaire dans la mesure où elle est construite par assemblage de modules au sens de Java 9+. L’objectif étant de montrer la manière de construire ce type d’applications.

Ce tutoriel fait partie d’une série de quatre articles qui permettront de cerner ce nouveau concept afin de l’utiliser pour plus de robustesse et de maintenabilité des applications développées en Java:

  1. Modules Java: Présentation et concepts
  2. Modules Java: JRE modulaire
  3. Cet article: Modules Java: Une application exemple – Conception
  4. Modules Java: Une application exemple – Intérêts

1. Fonctionnement de l’application

Cette application exemple doit demander une entrée au format texte, la traiter et restituer un résultat.
Elle est capable d’effectuer les traitements:

  1. Addition de deux entiers.
  2. Multiplication de deux entiers.
  3. Conjuguaison d’un verbe du 1er groupe au présent de l’indicatif.

2. Conception de l’application

En vertu du principe de la séparation des traitements et de la présentation il y aura une partie présentation et une autre de traitement. La partie présentation est simple dans notre cas, elle ne sera constituée que par un seul module. Toutefois, la partie traitement comporte deux types de traitements:

  1. Le calcul, qui sera constitué par un module.
  2. La conjugaison, qui sera constitué par un autre module.

Cela fait trois modules différents. D’un autre côté, l’entrée étant en format texte brut, il nous faudra un quatrème module qui s’occupera de décortiquer cette entrée et faire la répartition des tâches en conséquence. En fin de compte, on doit avoir les modules suivants:

  1. Module principal qui prend en charge l’interface utilisateur: net.mtuto.superprocess
  2. Module de répartition: net.mtuto.repartition
  3. Module de calcul: net.mtuto.clacul
  4. Module de conjugaison: net.mtuto.conjugaison

Arbre de dépendance de l’application: en couleur verte les dépendances internes, en couleur rouge les dépendances au JRE.

Le module principal superprocess n’aura aucun lien avec les modules de traitement et aucune connaissance de leur existence. Ce module ne dépend que du module repartition. Le module repartition, de son côté, dépend des 2 modules de traitement. Enfin, les deux modules de traitement sont totalement indépendants l’un de l’autre.

3. Le module conjugaison

Ce module sera composé de deux packages:

  • net.mtuto.conjugaison.facade: joue le rôle d’interface et contient une classe unique Conjuguer
  • net.mtuto.conjugaison.traitement: contient les détails des traitements, effectués par la classe Groupe1

Pour créer ce module, exécuter:

mkdir -p application/spmodules/conjugaison/src/net/mtuto/conjugaison/facade
mkdir -p application/spmodules/conjugaison/src/net/mtuto/conjugaison/traitement
cd application/spmodules/conjugaison
vi src/net/mtuto/conjugaison/facade/Conjuguer.java

Saisir dans l’éditeur de texte le contenu de ce fichier de classe:

package net.mtuto.conjugaison.facade;
import java.util.*;
import net.mtuto.conjugaison.traitement.Groupe1;
public class Conjuguer {
  public List<String> groupe1pind(String verbe) {
    Groupe1 g1 = new Groupe1();
    return g1.presentind(verbe);
  }
}

Suite à cela, enregistrer et quitter, ensuite créer de la même manière la classe de traitement:

vi src/net/mtuto/conjugaison/traitement/Groupe1.java

Saisir dans l’éditeur de texte le contenu de ce fichier de classe:

package net.mtuto.conjugaison.traitement;
import java.util.*;
public class Groupe1 {
  public List<String> presentind(String verbe) {
    String racine = verbe.substring(0, verbe.length() - 2);
    List<String> r = new ArrayList<String>();
    r.add("Je " + racine + "e");
    r.add("Tu " + racine + "es");
    r.add("Il " + racine + "e");
    r.add("Nous " + racine + "ons");
    r.add("Vous " + racine + "ez");
    r.add("Ils " + racine + "ent");
    return r;
  }
}

Après l’enregistrement de ce fichier de classe, on crée le descripteur du module:

vi src/module-info.java

Le contenu de ce fichier doit être:

module net.mtuto.conjugaison {
  exports net.mtuto.conjugaison.facade;
}

Après avoir fini avec la création de ces trois fichiers sources, on peut construire le module dans application/spmodules/conjugaison.jar:

mkdir classes
javac -d classes src/module-info.java src/net/mtuto/conjugaison/facade/Conjuguer.java src/net/mtuto/conjugaison/traitement/Groupe1.java
jar --create -M --file ../conjugaison.jar -C classes/ .

4. Le module calcul

Ce module sera composé, en plus du descripteur, par 3 classes:

  1. net.mtuto.calcul.facade.Calculer
  2. net.mtuto.calcul.traitement.Addition
  3. net.mtuto.calcul.traitement.Multiplication

Pour créer ce module, il convient de procéder comme pour le module conjugaison: créer les dossiers puis les fichiers de chacun de ces éléments. Les contenus doivent être:

Calculer.java:

package net.mtuto.calcul.facade;
import net.mtuto.calcul.traitement.Addition;
import net.mtuto.calcul.traitement.Multiplication;
public class Calculer {
  public String addition(String opAddition) {
    Addition addition = new Addition();
    String[] parties = opAddition.split(" ");
    int a = Integer.parseInt(parties[0]);
    int b = Integer.parseInt(parties[2]);
    return addition.additionner(a,b).toString();
  }
  public String multiplication(String opMultiplication) {
    Multiplication multiplication = new Multiplication();
    String[] parties = opMultiplication.split(" ");
    int a = Integer.parseInt(parties[0]);
    int b = Integer.parseInt(parties[2]);
    return multiplication.multiplier(a,b).toString();
  }
}

Addition.java:

package net.mtuto.calcul.traitement;
public class Addition {
  public Integer additionner(int a, int b) {
    return a + b;
  }
}

Multiplication.java:

package net.mtuto.calcul.traitement;
public class Multiplication {
  public Integer multiplier(int a, int b) {
    return a * b;
  }
}

module-info.java:

module net.mtuto.calcul {
 exports net.mtuto.calcul.facade;
}

Une fois ces quatre fichiers sources crées, on peut construire le module dans application/spmodules/calcul.jar:

mkdir classes
javac -d classes src/*.java src/net/mtuto/calcul/facade/*.java src/net/mtuto/calcul/traitement/*.java
jar --create -M --file ../calcul.jar -C classes/ .

5. Le module repartition

Ce module sera composé par le descripteur et une seule classe: net.mtuto.repartition.facade.Repartiteur

Pour le créer, il convient de procéder comme pour le module conjugaison: créer les dossiers puis les fichiers de chacun de ces éléments. Les contenus doivent être:

Repartiteur.java:

package net.mtuto.repartition.facade;
import java.util.*;
import net.mtuto.conjugaison.facade.Conjuguer;
import net.mtuto.calcul.facade.Calculer;
public class Repartiteur {
  public List traiter(String txt) {
    List r = new ArrayList();
    String[] parties = txt.trim().split(" ");
    if (parties.length == 1) {
      if (parties[0].length()>2 && parties[0].toLowerCase().substring(parties[0].length()-2, parties[0].length()).equals("er")) {
        Conjuguer c = new Conjuguer();
        r = c.groupe1pind(txt);
      } else r.add("Impossible de traiter les données fournies");
    } else if (parties.length == 3) {
      int a = -1;
      int b = -1;
      try {
        a = Integer.parseInt(parties[0]);
        b = Integer.parseInt(parties[2]);
      } catch (NumberFormatException nfe) {
        a = -1;
        b = -1;
        r.add("Impossible de traiter les données fournies: l'un des arguments numériques est faux ou négatif");
      }
      if (a>=0 && b>=0 && (parties[1].equals("+") || parties[1].equals("x"))) {
        Calculer c = new Calculer();
        if (parties[1].equals("x")) r.add(c.multiplication(txt));
        else r.add(c.addition(txt));
      } else r.add("Impossible de traiter les données fournies");
    } else r.add("Impossible de traiter les données fournies");
    return r;
  }
}

module-info.java:

module net.mtuto.repartition {
  exports net.mtuto.repartition.facade;
  requires net.mtuto.calcul;
  requires net.mtuto.conjugaison;
}

Après la création de ces deux fichiers sources, on procède à la construction du module dans application/spmodules/repartition.jar:

mkdir classes/
javac --add-modules net.mtuto.conjugaison,net.mtuto.calcul -p ../ -d classes src/module-info.java src/net/mtuto/repartition/facade/Repartiteur.java
jar --create -M --file ../repartition.jar -C classes/ .

Modules Java: JRE modulaire

En introduisant la notion de module, en toute logique, Java s’est modularisé lui-même également. A partir de la version 9, donc, l’environnement d’exécution (JRE) mais aussi l’environnement de développement (JDK), ont subi une refonte en profondeur. Le but de cette refonte est de rendre modulaire la structure du système. Ce tutoriel a pour objectif de montrer les principaux impacts de cette évolution mais également faire le lien avec la (nouvelle) manière d’utiliser Java, dont la possibilité de construire un JRE personnalisé.

Ce tutoriel fait partie d’une série de trois articles qui permettront de cerner ce nouveau concept afin de l’utiliser pour plus de robustesse et maintenabilité des applications développées en Java:

  1. Modules Java: Présentation et concepts
  2. Cet article: Modules Java: JRE modulaire
  3. Modules Java: Une application exemple – Conception
  4. Modules Java: Une application exemple – Intérêts

1. Une structure plus simple et plus efficace du système.

La meilleur façon d’appréhender cette évolution de la structure est de faire une comparaison de l’existant antérieurement (version 1.8-) avec la nouvelle structure. Pour effectuer cette comparaison, on doit disposer de deux versions de Java sur le système. Une 1.8- et une 9+.

Exécuter les deux commandes, observer les résultats et comparer (adapter, si besoin, les numéros de version dans les chemins cibles aux versions installées):

tree -d -I legal\|man\|docs /usr/lib/jvm/java-1.8.0-openjdk-amd64/
tree -d -I legal\|man\|docs /usr/lib/jvm/java-9-openjdk-amd64/

La commande tree n’est pas installée systématiquement sur le système utilisé. Si c’est le cas, installez la avec la commande: sudo apt install tree. Dans ces deux commandes on n’affiche que les dossiers et on exclu les dossiers: legal/, man/ et docs/ qui ne contiennent que de la documentation et sont hors d’intérêt pour cet exposé.

Modules Java

A gauche l’ancienne arborescence Java 1.8-, à droite la nouvelle de Java 9+. On peut constater dès le départ une nette simplification et une meilleur organisation de la structure des dossiers.

Dans le détail:

  • L’apparition de deux nouveaus dossiers: conf/ destiné à contenir les fichiers de configuration et jmods/ destiné à contenir les fichiers des modules java du système, JRE et JDK.
  • Le déplacement de la partie configuration du JRE dans le dossier conf/
  • La disparition du dossier de la JRE.
  • Un seul dossier bin/ et un seul dossier lib/ destinés à acueillir respectivement les fichiers exécutables et les librairies essentiellement natives du JRE et du JDK.

2. Une utilisation plus simple de Java 9+

Si on considère que Java est installé dans le dossier JAVA_INSTALLATION/ (donc /usr/lib/jvm/java-9-openjdk-amd64/ pour un système Ubuntu/Debian):

  • Toutes les commandes exécutables du JRE et du JDK sont dans : JAVA_INSTALLATION/bin. Il suffit donc d’ajouter ce chemin à la configuration du système (chemin PATH).
  • Toutes les librairies natives du système sont dans JAVA_INSTALLATION/lib. Si besoin, il suffit d’indiquer ce chemin au système pour ce type de librairie.
  • Tous les modules (librairies Java du système) sont dans JAVA_INSTALLATION/jmods, il suffit donc d’utiliser ce chemin pour le paramètre –module-path de Java 9+.

Maintenant, vérifions les contenus de ces trois dossiers importants. Adaptez, dans cette commande,  le numéro de version de Java dans le chemin cible. Cette version pourrait être  10 ou 11 (Novembre 2018):

ls -l /usr/lib/jvm/java-9-openjdk-amd64/bin

Le résultat partiel de cette commande est:

-rwxr-xr-x 1 root root  10424 oct.   7 17:06 jaotc
-rwxr-xr-x 1 root root  10368 oct.   7 17:06 jar
-rwxr-xr-x 1 root root  10376 oct.   7 17:06 jarsigner
-rwxr-xr-x 1 root root  10344 oct.   7 17:06 java
-rwxr-xr-x 1 root root  10400 oct.   7 17:06 javac
-rwxr-xr-x 1 root root  10408 oct.   7 17:06 javadoc
-rwxr-xr-x 1 root root  10400 oct.   7 17:06 jlink
-rwxr-xr-x 1 root root  10368 oct.   7 17:06 jmod

On remarque la présence des exécutables java (JRE), javac (JDK), jlink (JDK)..

ls -l /usr/lib/jvm/java-9-openjdk-amd64/lib

Le résultat partiel de cette commande est:

-rw-r--r-- 1 root root     22976 oct.   7 17:06 libjimage.so
-rw-r--r-- 1 root root     96960 oct.   7 17:06 libnet.so
-rw-r--r-- 1 root root     72672 oct.   7 17:06 libnio.so
-rw-r--r-- 1 root root     10288 oct.   7 17:06 libprefs.so
-rw-r--r-- 1 root root      6128 oct.   7 17:06 librmi.so

On remarque la présence des librairies dynamiques partagées natives libnet.so, libnio.so, librmi.so ..

ls -l /usr/lib/jvm/java-9-openjdk-amd64/jmods

Le résultat partiel de cette commande est:

-rw-r--r-- 1 root root 19040174 oct.   7 17:06 java.base.jmod
-rw-r--r-- 1 root root   128362 oct.   7 17:06 java.logging.jmod
-rw-r--r-- 1 root root   381849 oct.   7 17:06 java.rmi.jmod
-rw-r--r-- 1 root root  6503544 oct.   7 17:06 jdk.compiler.jmod
-rw-r--r-- 1 root root   245838 oct.   7 17:06 jdk.jartool.jmod
-rw-r--r-- 1 root root   630021 oct.   7 17:06 jdk.jshell.jmod

On remarque la présence des modules java.base (JRE), java.logging (JRE), jdk.jartool (JDK)..

3. Le nouveau format de paquet JMOD

A l’exploration du contenu du dossier jmods/, on remarque que les fichiers des modules JRE et JDK ont l’extension .jmod. Il s’agit d’un nouveau format introduit par la version 9 et qui comporte des capacités plus évoluées que celles du format JAR. Le format JMOD permet d’embarquer dans un même fichier les bytecode java compilés (.class) avec des fichiers statiques, qui peuvent servir à la configuration par exemple, ainsi que du code natif. Toutefois, les fichiers ainsi créés sont destinés seulement pour des environnements de développement.

L’utilitaire jmod, fichier exécutable dans le dossier bin/, permet de gérer ce type de fichier. Notament, le paramètre create permet la création de ces paquets. Pour plus de détails à propos de son fonctionnement exécuter:

jmod --help

Enfin, la connaissance de la liste des modules disponibles pour le système installé ne passe pas forcément par l’exploration du dossier jmods/. On peut afficher cette liste avec la commande:

java --list-modules

4. Création d’une image exécutable personnalisée

Le principe de fonctionnement de Java repose sur le code intermédiaire (bytecode) et l’environnement d’exécution (JRE). Ce principe permet d’exécuter le même programme, écrit une seule fois, sur des plateformes différentes. Le mécanisme prévoit que chaque plateforme, qui supporte Java, dispose de son JRE spécifique. En même temps tous les JRE doivent pouvoir exécuter le même bytecode qui résulte de la compilation des sources Java.

Au fil du temps, des difficultés sont apparus. D’abord le JRE et son élément central, le fichier rt.jar, sont devenus imposants. Dans sa dernière version 1.8, rt.jar pèse 63Mo. En même temps les terminaux légers avec de faibles ressources (tablettes, smartphones, smartwatch..), commencent à prendre une place de plus en plus importante chez les utilisateurs finaux.

La modularisation du JRE dans Java 9 permet, désormais, de créer une image compacte et optimisée capable d’exécuter un programme écrit en Java. Ceci consiste à créer un sous-ensemble du JRE qui ne comprend que le strict nécessaire au cas spécifique de l’application cible.

La suite de cet exposé utilise l’application d’exemple créée dans le premier article qui traite des modules Java. L’application modulaire, exécutable étant créée, on procède à la génération de limage auto exécutable (JRE compris).

Il faut commencer par se positionner dans le dossier où a été créée cette application. Ensuite, céez un sous dossier modules/:

mkdir modules

On crée, ensuite la version modulaire prête à l’emploi de notre application:

jmod create --class-path lib/premiermodule.jar modules/net.meddeb.premiermodule.jmod

Maintenant, on peut créer l’image auto-exécutable de l’application à l’aide de l’utilitaire jlink:

jlink --module-path /usr/lib/jvm/java-9-openjdk-amd64/jmods/:modules/ --add-modules net.meddeb.premiermodule --launcher executeHello=net.meddeb.premiermodule/net.meddeb.hellomodule.Hello --output distribution

Le paramètre –output de cette commande permet de définir le dossier où sera généré le résultat.Dans notre cas on a choisi un dossier qui s’appelle distribution/. Pour explorer le résultat de cette commande et voir ce qui a été généré:

tree -L 2 distribution/

Dans le résultat, remarquez le fichier exécutable executeHello qui est le nom donnée dans la commande de jlink :
modules java
L’exécution se fait par l’intermédiaire de la commande qui suit, comme s’il s’agissait d’un exécutable natif:

distribution/bin/executeHello

Installer Java 9 sur Debian Stretch

Java 9 constitue une évolution majeure de ce language de programmation / environnement d’exécution. L’évolution la plus importante apportée par cette version est sans doute l’introduction de la notion de module.  Cette introduction a nécessité un changement radical dans la structure de son environnement d’exécution (JRE) mais aussi de son kit de développement (JDK). Ce changement constitue une véritable rupture dans la façon de concevoir une application ou une librairie Java.

Malgrès les précautions prises et l’effort manifeste qui a été déployé pour assurer une migration en douceur de l’énorme quantité de code déjà en utilisation de ce système, cette migration reste compliquée et sera certainement assez étalée dans le temps (Java 9 est sorti en Septembre 2017). A l’heure actuelle, du fait de la rupture entre Java 1.8- et Java 9+, migrer les systèmes serveurs à Java 9+ est un exercice risqué. En même temps il est nécessaire d’effectuer des tests en profondeur avec cette version sur les applications et les librairies existantes pour pouvoir les faire évoluer.

Le système GNU/Linux Debian, destiné principalement à des machines serveurs et fidèle à son attachement à la stabilité, n’est toujours pas passé à Java 9 et ne le sera, probablement, pas de sitôt. Toutefois il y a toujours la possibilité d’installer cette version de Java pour pouvoir effectuer des tests comme indiqué.

Ce tutoriel montre la manière offerte par ce système pour installer la version 9 de Java.

1. Le dépôt backports de Debian

Java 9 a été retiré du dépôt backports de Debian, certainement à cause d’incohérence constatée avec le reste du système, notament avec des interfaces graphiques. Cette méthode n’est donc  plus applicable pour Debian Stretch. Toutefois la démarche pour l’installation de paquets expérimentaux reste valable.

Pour effectuer des expérimentations  Java 9+ sur Debian il convient d’utiliser plutôt la version Buster (10) de cet OS, version encore en développement à ne pas utiliser en production.

A l’installation d’un système Debian le fichier /etc/apt/sources.list référence les dépôts des paquets d’installation et de mise à jour du système. Dans ce fichier et vers la fin, on trouve:

# stretch backports
#deb http://http.debian.net/debian stretch-backports main

La première ligne est le commentaire qui donne le nom de ce dépôt. C’est la deuxième ligne qui le référence. Si elle n’a pas été modifiée, cette ligne est commentée et ce dépôt est donc désactivé. La raison pour laquelle ce dépôt est désactivé par défaut est qu’il contient des fonctionnalités en version jugée insiffisament stable ou pouvant introduire des instabilités ou encore au stade expérimental. Ce dépôt ne doit pas être utilisé pour un système en production.

A l’heure actuelle (Octobre 2018) Java 9 est dans cette situation du point de vue de Debian. Cette version se trouve donc dans ce dépôt. Vérifions le, cette ligne étant commentée et Java 9 n’ayant jamais été installé sur le système utilisé, exécuter les commandes:

sudo apt update
apt-cache search openjdk | grep -E ^openjdk-[0-9]*-jdk\|jre

La réponse à la deuxième commande sera:

default-jre - Standard Java or Java compatible Runtime
default-jre-headless - Standard Java or Java compatible Runtime (headless)
openjdk-8-jdk - OpenJDK Development Kit (JDK)
openjdk-8-jdk-headless - OpenJDK Development Kit (JDK) (headless)
openjdk-8-jre - OpenJDK Java runtime, using Hotspot JIT
openjdk-8-jre-headless - OpenJDK Java runtime, using Hotspot JIT (headless)
openjdk-8-jre-zero - Alternative JVM for OpenJDK, using Zero/Shark
openjdk-8-jre-dcevm - Alternative VM for OpenJDK 8 with enhanced class redefinition

Seule la version 1.8 est disponible.

2. Installation de la version 9

Pour pouvoir installer la version 9 de Java, il convient d’activer le dépôt backports. Cela se fait en décommentant la ligne qui le référence dans le fichier de configuration des dépôts des paquets système. On peut le faire avec un éditeur de texte ou avec la commande:

sudo sed -i '/^#.*backports /s/^#//' /etc/apt/sources.list

Après cela on refait une recherche des versions disponibles:

sudo apt update
apt-cache search openjdk | grep -E ^openjdk-[0-9]*-jdk\|jre

Le résultat sera alors:

default-jre - Standard Java or Java compatible Runtime
default-jre-headless - Standard Java or Java compatible Runtime (headless)
openjdk-8-jdk - OpenJDK Development Kit (JDK)
openjdk-8-jdk-headless - OpenJDK Development Kit (JDK) (headless)
openjdk-8-jre - OpenJDK Java runtime, using Hotspot JIT
openjdk-8-jre-headless - OpenJDK Java runtime, using Hotspot JIT (headless)
openjdk-8-jre-zero - Alternative JVM for OpenJDK, using Zero/Shark
openjdk-8-jre-dcevm - Alternative VM for OpenJDK 8 with enhanced class redefinition
openjdk-9-jdk - OpenJDK Development Kit (JDK)
openjdk-9-jdk-headless - OpenJDK Development Kit (JDK) (headless)
openjdk-9-jre - OpenJDK Java runtime, using Hotspot JIT
openjdk-9-jre-headless - OpenJDK Java runtime, using Hotspot JIT (headless)

La version 9 est maintenant bien disponible à l’installation. Pour l’installer:

sudo apt install openjdk-9-jdk-headless 

L’installation du JDK 9 positionne également cette version comme étant la version par défaut. Pour s’en rendre compte, pour l’environnement d’exécution (JRE) et le compilateur Java:

java -version # JRE
javac -version # compilateur 

Les deux sont bien à la version 9 fraichement installée.

3. Basculer entre les versions 9 et 1.8

S’agissant d’une installation d’expérimentation, on peut bien avoir besoin de basculer entre les deux versions installées. Pour cela on utilise l’utilitaire update-java-alternatives. Exécuter:

sudo update-java-alternatives --list

La réponse sera alors:

java-1.8.0-openjdk-amd64       1081       /usr/lib/jvm/java-1.8.0-openjdk-amd64
java-1.9.0-openjdk-amd64       1091       /usr/lib/jvm/java-1.9.0-openjdk-amd64

Le numéro correct de la version est 9 et non 1.9 car Java a changé la politique du numéro de version à partir de celle là. Debian, pour le moment, ne semble pas en tenir compte mais cela sera peut être rectifié à l’avenir. En tout cas cela n’empêche rien de fonctionner. L’élément important dans ce résultat est la première colonne. le nom affiché dans cette colonne sert à définir la version par défaut. Pour basculer vers la version 1.8:

sudo update-java-alternatives --set java-1.8.0-openjdk-amd64

La valeur utilisée pour le paramètre –set est le nom affiché dans la première colonne de la liste.